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DENIS MALARTRE
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Photo : Perrine Rouillon - 1975
Denis Malartre a quitté Caen à l’âge de 18 ans en 1970 pour venir travailler à Paris avec le photographe Daniel Haddad. Il a vécu de près l’émergence de la photographie moderne des années 1970 et 80 sous l’influence d’Henri Cartier-Bresson. Mais ce sont les images subjectives de l’Américain Robert Frank qui l’inspirent surtout. “A partir de lui tout est devenu possible”, écrit-il dans un livre publié en 1988 dans le cadre d’une exposition.
À Paris, il fait des portraits, des photos de rue et des reportages tout en réalisant des expositions monumentales pour des municipalités du nord parisien (Saint-Denis, Gennevilliers, Aubervilliers): Il était une fois la Seine Saint-Denis ; Gennevilliers, mes jours et moi ; Résistances juvéniles (avec le documentariste Bernard Martino) ; L’enfant et le sport ; Le Roi, la sculpture et la mort ; Cent cinquante ans de photographie française ; Le grand voyage de Francisco Goya ; Picasso, le peintre sans la légende ; Willy Ronis... L’organisation de ces expositions s’inscrit dans son engagement de quelques années au Parti communiste à la fin des années 70.
Il cultive aussi ses passions pour le cinéma et la musique - anime des stages sur l’image et le son pour les ministères du Travail et de la Jeunesse et des Sports, est auditeur du Groupe de recherches musicales (GRM)... Et il peint comme il n’a cessé de faire depuis sa rencontre, en 1977, avec le peintre Roger Eskenazi dont il est resté proche jusqu’à la mort de celui-ci en 2003.
De son père André Malartre, poète et homme de théâtre, instructeur d’Art dramatique en Normandie à partir de 1957 dans le cadre de la politique de démocratisation de la culture héritée du Front populaire et du Conseil National de la Résistance, il a hérité de l’amour du théâtre. En 1974 et 1975, il sera élève à l’Atelier Théâtre d’Ivry d’Antoine Vitez, qui a formé son frère Jean-Baptiste Malartre, futur sociétaire de la Comédie française.
En tant que photographe, il devient en 1981 membre de l’agence Viva, fondée par huit photographes dix ans plus tôt - dont Martine Franck, Guy Le Querrec et Raymond Dityvon – et où il rencontre Patrick Toth, qui sera un ami et une inspiration. Ce collectif d’auteurs-artistes, plutôt qu’agence de presse, lui laisse toute liberté dans sa pratique. Il n’a pas vocation à être “reporter” ou photographe d’illustration et ne croit pas en l’avenir de la photo narrative et autobiographique. “Et la photographie, très lentement, meurt, étouffée par des millions d’images, toutes semblables, toutes soumises à cette petite fenêtre ouverte sur le monde”, écrit-il en 1986.
Finalement, grand amateur d’art, ses interrogations sont celles de la peinture moderne et contemporaine : après Matisse, Picasso et les expressionnistes abstraits..., le mouvement Supports/Surfaces pour qui “l’objet de la peinture, c’est la peinture elle-même”.
Un voyage à New York en 1986 va le marquer profondément et lui ouvrir un nouveau champ de travail, en gestation depuis le début.
“Je ferme la fenêtre afin d’y voir plus clair et prends la photographie comme objet”, dit-il dans un “manifeste” écrit peu après son retour.
“Une sorte de relation objectale.”
Cette réflexion débouchera sur des images non figuratives - bandes de papier suspendues ou carrés scotchés au mur. Ses photos “objectales” qui “prennent "la dimension d’un tableau (et non d’une peinture)”. Ce sera la dernière période. Elle sera l’occasion pour lui d’expérimenter les grands formats d’un mètre sur un mètre et d’intervenir sur l’image, avec parfois le grattage des négatifs ou un trait sensible au pinceau sur les bandes.
Il expose son travail au début de l’année 1988 et publie confidentiellement en parallèle Tue-mouches, un recueil de textes et photos.
Après quoi il arrêtera complètement la photographie pour travailler comme directeur artistique dans la presse, notamment pour la revue d’histoire des sciences Les Cahiers de Sciences & Vie, encore qu’il continuera à peindre et à mener des recherches personnelles, en particulier un travail sur ordinateur à partir de la typographie dans une utilisation plastique.
Près de trente ans plus tard – à la faveur aussi d’une rétrospective de l’œuvre de son père –, il a pensé qu’il était peut-être de son devoir de ressortir ses photographies des boîtes et de montrer son travail.
Installé depuis vingt ans à Fontenay-sous-Bois où ont grandi ses enfants Samuel et Louise, il se préparait à exposer quand un cancer l’a emporté en 2017 en l’espace de deux mois. Il souhaitait pouvoir exposer dans sa ville.
Au printemps de 2020, à la galerie parisienne Elda Mazer, rue Daguerre, seront exposées certaines de ses photographies baptisées “objectales”.
Juliette Rouillon Malartre
P. S. : Il serait injuste de ne pas mentionner ici la passion de Denis Malartre pour les grands vins, dont il avait une connaissance raffinée, savante, digne des œnologues professionnels qu’il pouvait côtoyer – ce qui ne l’empêchait pas de partager généreusement à sa table, sans cérémonie, ses crus exceptionnels avec ses amis.
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